
METHODE D'ENQUETE
La démarche du choix du terrain a été assez une tâche assez fastidieuse. Nous avions tou(e)s l’ambition de travailler sur l’autogestion, mais il était difficile de se mettre d’accord sur le terrain à étudier. Nous cherchions le plus proche de l’autogestion, sur le plan alimentaire, énergétique, etc. Après de longues discussions, nous avions carrément pensé à nous scinder en deux groupes, puisque nous n’arrivions pas à nous mettre d’accord entre Errekaelor (au Pays-Basque sud) et Can Mas Deu (en Catalogne). Les professeur(e)s nous ont alors déconseillé de faire cela, puisque cette enquête de terrain représentait un travail colossal. Nous avons finalement décidé de choisir Errekaleor, après maintes discussions.
Nous avons d’abord effectué un travail de documentation, avec des lectures thématiques, en particulier avec des littératures scientifiques et des documentaires autour du thème de l’autogestion (comparaison avec d’autres expériences d’autogestion comme Norte Dame Des Landes, Casmas Deu, etc.), sur l’organisation territoriale et institutionnelle de l’Espagne ainsi que sur l’identité basque.
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Quant au recueil de données, afin de pouvoir comparer les points de vues, les discours et les représentations nous avons choisi de croiser trois sources de données : les habitant(e)s d’Errekaleor, les habitant(e)s de Vitoria-Gasteiz et le discours officiel des institutions.
Le terrain à Errekaleor
L’entrée sur le terrain : C’est Mahats qui a été notre entrée (ce n’est pas un de ce(lles)ux qui sont ici depuis le début mais fait tout de même parti des plus ancien(ne)s), il nous a fait visiter le quartier le premier jour, expliqué son fonctionnement et son histoire. Nous avons pu ainsi croiser une première série d’habitant(e)s, nous avons réalisé qu’ils avaient des difficultés à comprendre la raison de notre présence. En effet le quartier accueille des visiteurs (rarement l’hiver) mais le plus souvent dans l’optique d’un mode de vie à expérimenter et à reproduire, en faire un sujet d’étude a paru curieu(ses)x à plusieurs d’entre eux.
L’observation participante : Etant donné le contexte, l’observation directe était impossible, notre présence ne passant pas inaperçue. L’option choisie a donc été d’accepter la perturbation que pouvait causer notre présence mais de la minimiser au maximum en participant aux activités habituelles du quartier. Ainsi, nous avons participé deux jours de suite à des travaux communautaires et aux repas collectifs qui suivent, le deuxième jour pour la construction d’un four à pain et le troisième pour le nettoyage du quartier. Chaque soir de retour à l’appartement nous mettions en commun nos notes et nos impressions dans un carnet de bord.
Les entretiens semi-directifs : Ces travaux et les repas qui les suivaient nous ont permis de multiplier les moments d’échange, par ailleurs plusieurs d’entre nous ont visité l’intérieur d’appartement permettant un entretien plus intime et plus poussé. Nous avions opté pour des entretiens semi-directifs étant donné la diversité des situations. Notre guide d’entretien consistait à interroger l’habitant(e) sur son parcours, les raisons de sa présence à Errekaleor, ce qu’il attend de cette expérience, son rôle au sein du quartier et ses liens avec l’extérieur. Pour le reste nous avons jugé plus pertinent de le laisser dérouler son ressenti, pointer lui-même les points qu’il jugeait important etc. Tout comme les observations ces entretiens faisaient l’objet d’une mise en commun chaque soir qui nous permettait d’expliciter les points à éclaircir lors des rencontres et des échanges du lendemain, au gré de l’évolution de nos interrogations.
Le terrain à Vitoria-Gasteiz
Les questionnaires : Pour pouvoir recueillir un maximum d’impressions en un minimum de temps, le questionnaire nous a paru l’outil le plus simple, nous en avons donc conçu un pour nous aider à cerner le ressenti de la population par rapport à Errekaleor et ce que le quartier représente. Il était composé de questions ouvertes mais rapide à administrer. Etant donné le manque de temps, atteindre la représentativité de la population mère (habitant(e)s de Vitoria) semblait difficilement concevable, nous avons donc opté pour l’échantillonnage aléatoire (enquêté(e)s choisi(e)s au hasard dans la rue) de trois sous-groupes : les étudiant(e)s de l’université dont provenaient les premiers occupant(e)s d’Errakaleor, les passant(e)s du centre historique et commerçant de la Vitoria-Gasteiz et enfin les habitant(e)s des quartiers voisins d'Errakaleor qui se sont montré(e)s très peu enclin(e)s à répondre à nos questions comme si le sujet était tabou ou du moins qu’il les mettaient mal à l’aise.
Les entretiens libres : Nous avons également eu l’occasion de discuter du sujet au gré des rencontres lors de moments passées en ville et le long des rues commerçantes.
Le discours des institutions
L’entretien impossible : Il a été totalement impossible d’obtenir un entretien avec un responsable de la municipalité ayant eu à gérer le dossier. A plusieurs reprises on nous a dit que ce n’était pas possible démontrant ainsi la sensibilité du sujet. Les entretiens libres/discussions avec les habitant(e)s de Vitoria-Gasteiz nous confirment que la municipalité s’est sentie un peu humiliée par cette histoire et qu’il serait étonnant qu’elle communique sur le sujet.
La presse locale : Pour palier à ce manque de discours officiel nous avons décidé d’examiner la presse locale supposant que les prises de positions des différents acteurs y ont été consignées. Cela nous a permis par la même occasion de prendre un peu de recul sur le jeu politique local.
Notre rapport au terrain et aux enquêtés
Pour Errekaleor
Nous avons été bien accueilli(e)s et au fil du temps nous avons réussi à nous intégrer et à partager de bons moments avec les habitant(e)s du quartier, en particulier lors de la soirée ou nous les avons croisé, et avons fini par passer la soirée avec e(lles)ux.
Même si cela a été difficile, nous sommes très heureu(ses)x d’avoir pu échanger au fur et à mesure sur leurs convictions, leurs points de vus et d’en apprendre davantage sur leur mode de vie. Mais nous avons une position difficile pour établir un compte rendu de notre enquête objectif, à cause de l’effet de proximité (risque de survalorisation dûe au fait que nous étions proches des enquêtés).
Pour la ville de Vitoria-Gasteiz
Il a été compliqué d’accéder aux enquêtés, puisque les habitant(e)s étaient souvent réticent(e)s face au projet que prône Errekaelor ou étaient trop pressé(e)s pour répondre à nos sollicitations.
La majorité du groupe ayant des notions basiques de castillan le contact fut difficile avec avec les habitant(e)s de plus nombreu(se)x sont celles et ceux qui parlent l'euskara au quotidien. Ce qui s’avère être une barrière supplémentaire dans la mesure où son usage est revendicatif.